lundi 16 mai 2016

Samedi prochain...

... vous pourrez assister, for the very first timeà une lecture de la pièce de théâtre Les petites reines, adaptée et mise en scène par Justine Heynemann et Rachel Arditi, avec Justine Bachelet, Barbara Bolotner, Manon Combes et Mounir Margoum!



Ca se passera le samedi 21 mai, 14h15 au Centre Culturel de Courbevoie, dans le cadre du festival des Mots Libres, et ensuite il y aura un échange avec les comédien/nes et moi. Vous pouvez réserver (gratuitement) ici!

Tous les renseignements sur l'événement sont ici.

Je n'en sais pas plus que vous sur l'adaptation, ce sera donc génial (et étrange!) d'en apercevoir des morceaux et de rencontrer les comédien/nes. La tournée commencera l'année prochaine.

A samedi!


vendredi 6 mai 2016

Sous les couvertures...

C'est le jour C! C comme Couverture: celle de Songe à la douceur, qui sortira le 24 août. La voici!


('C'est les couleurs de la NRF!' s'est enthousiasmée ma mère, qui ne perd pas espoir que je finisse un jour par écrire de la vraie littérature.)

C comme Courbes, Circonvolutions, Clarté - j'adore cette typo bouclée et noueuse, qui tricote les fils de deux vies, et offre une promesse de romantisme (sera-t-elle réalisée, that is the question...)

Mais aussi, et pour l'occasion, le jour C comme Claudine...

Qui est Claudine? Claudine Devey, chanceuse porteuse d'un prénom colettien que j'adore, est la graphiste de Sarbacane. Après une formation en arts appliqués à Lyon Bellecour et à Toulouse, elle a travaillé comme graphiste dans plusieurs maisons avant de se faire kidnapper par les Sarbacaniens. Arrivée là-bas en 2014, elle a dynamisé, modernisé... pour ne pas dire révolutionné les couvertures de la collection Exprim'. On lui doit par exemple:




 


On voit à quel point ce travail est véritablement celui d'une artiste composant un corpus d'images, visuellement cohérent, personnel - une oeuvre, tout simplement. De livre en livre, on retrouve sa patte, son style - sa voix. Mais chaque récit étant différent, elle déploie aussi d'autres tons, d'autres nuances, d'autres jeux de textures et de couleurs, et juge de là où il faut placer une photo, et là où il faut mettre une image stylisée.

Voici une mini-interview exclusive de Claudine quant à la réalisation de la couverture de Songe:

La raison de Claudine
(désolée j'ai pas pu résister)

J'imaginais vraiment une composition typographique pour cette couverture, quelque chose de léger, aérien, et poétique.
J'ai donc orienté mes recherches de typos sur le site my fonts : 
dans les scriptes.
J'ai fait une première composition sur photoshop, que j'ai ensuite imprimée,
pour la redessiner et apporter quelques ajustements 
(d'abord sur calque sur A4).
Le dessin du titre était fait, mais il y avait trop d'aspérités.
Il a donc fallu ré-imprimer cette composition sur un format plus grand (A3), pour la re dessiner encore une fois :
les courbes des lettres étaient alors plus lisses, plus précises.


En mars, j'ai eu la chance de voir, dans les bureaux de Sarbacane, ce fameux calque A3:



C'est extrêmement impressionnant d'avoir devant les yeux cette typo splendide réalisée à la main, personnalisée pour ce livre-là et pas un autre. On voit immédiatement la différence entre un tel travail et l'application d'une typo-type, même jolie, à un dessin ou une photo d'une banque d'images.

Ensuite, il y a la question des couleurs. Voici quelques exemples de couleurs proposées pour Songe à la douceur:



Et une photo tout à fait dégueu que j'ai prise moi-même avec mes petits doigts tremblants dans les bureaux de Sarba:


(ça fout un peu la pression ce SONGE A LA DOUCEUR répété cinq fois, je vous l'accorde. SONGES-Y OK!??!!)

On va finir avec C aussi comme Choix (celui de l'auteur/e). L'occasion de répondre à quelques questions qui reviennent souvent...
  • Question numéro un: C'est toi qui choisis ta couverture? 
Non, dans le sens où généralement, l'auteur/e n'a strictement aucun rôle autre que de suggestion (/persuasion, séduction, roucoulement, etc) dans les premières décisions concernant la couverture. Pour Songe, je voyais bien une stylisation du tableau de Caillebotte 'Le jeune homme à la fenêtre' (qui a une place assez importante dans l'histoire), mais c'est la seule suggestion que j'ai faite (et qui n'a pas été sélectionnée tavu).

pourtant c'était tellement vendeur
La plupart du temps, mais ce n'est pas du tout une norme ni une généralité, on a un choix, ou plutôt un rôle consultatif plus appuyé, dans un deuxième temps. L'éditeur nous envoie plusieurs propositions de couvertures pour nous demander notre avis. Dans le cas de Songe, c'était seulement une question de couleurs (entre les deux bleues et la NRF).

Mais parfois c'est vraiment une question d'image principale; par exemple, pour Comme des images, on (Tibo et Fred) m'avait envoyé ces quatre-là:





Et là il y a une stratégie que j'appellerais 'Tiboesque' ou 'Fredesque' - nos deux Sarbacaniens étant tous deux friands de cette rhétorique - qui consiste à dire:
Tu préfères laquelle? Nous on a notre petite préférée déjà...
Alors moi:
Oh chouette! je préfère l'une des deux premières!
Et là tu reçois une réponse qui dit:
Ah bon??? nous on DETESTE les deux premières. Non, clairement c'est l'une des deux dernières qu'il faut.
Moi:
Mais alors euh pourquoi vous m'avez proposé les deux premières?
Tibo/ Fred:
Aaaah, je suis content que tu préfères aussi celle qu'on préfère! Voili voilà. C'était cool t'as vu comme on t'a donné l'impression d'avoir le choix, hein? 
Moi:
C'était super merci wow
Stratégie que je conseille aux parents de jeunes enfants: 'Tu préfères une purée de carottes ou un Snickers?' 'Un Snick-' 'Très bon choix mon petit lapin, splish splosh, une cuillère pour papa, une cuillère pour maman...'
  • Question numéro deux: qu'est-ce qui se passe si tu détestes ta couverture? 
Ben t'es triste et tu t'en plains amèrement avec d'autres auteur/es autour d'un mojito aux fraises (suivez mon regard). Il y a plein d'auteur/es qui détestent toutes ou certaines de leurs couvertures. Certain/es auteur/es sont expert/es en détestation de couvertures - je pense qu'il y a quelque chose de très profond là-dedans, parce que c'est vraiment le visage de ton livre, et c'est dur de ne pas avoir le contrôle.

Il est vrai qu'une couverture 'ratée', ou pas tout à fait appropriée, peut ruiner la vie d'un livre. J'ai été extrêmement échaudée par la couverture de mon premier livre de Sesame Seade en Angleterre, illustrée par Sarah Horne - je la trouve tout à fait réussie, mais je ne m'étais pas aperçue à quel point une simple bandelette rose en haut la marquerait comme 'livre de fille'. J'ai été estomaquée quand une amie m'a dit, comme si c'était une évidence, qu'elle n'allait pas acheter le livre à son fils parce que 'it's pink'. 'It's not pink', lui ai-je dit, il y a 1cm de pink pour 20 de blue. Mais c'est déjà trop de pink pour ces gens-là. A mon grand malheur, ce roman qui roule à 200 à l'heure, complètement androgyne, n'a été lu que par très peu de garçons.


Très frustrée par cette histoire, j'ai réagi catégoriquement quand Tibo m'a proposé une couv pour Carambol'anges qui était rose:


Pour moi, c'était absolument hors de question: ça n'avait rien à voir avec l'esthétique (j'aimais bien le côté carambar), mais je ne m'étais pas cassé la tête à faire un/e héro/ïne entièrement dégenré/e pour qu'on fasse une couv qui marquerait le bouquin comme 'pour filles'. J'ai persécuté Tibo et Claudine et les ai corrompus avec des chouquettes (authentiques) jusqu'à ce qu'ils acceptent de rendre les couleurs 'neutres', c'est-à-dire (je ne cautionne pas cet état de fait, je précise), dans des tons bleus.

(Tant qu'on est sur ce sujet: Tom Lévêque cherche des ados pour répondre à un questionnaire pour sa recherche de master sur les représentations du masculin en littérature ado. C'est un projet extrêmement précieux car c'est une question rarement abordée en recherche universitaire en LJ. Donc va l'aider, si t'es encore jeune... moi j'ai plus l'âge! Il est aussi question de couvertures, et ça se passe là-bas!)

J'en suis très heureuse maintenant, car Carambol'anges est vraiment lu et apprécié par des petits garçons. 

Donc, il n'est pas impossible de faire ployer les éditeurs et graphistes, mais seulement avec des arguments précis et en béton. Il n'est pas inutile aussi d'être porteuse du gène CH1Eu5E, niveau expert, et d'être prête à sacrifier une partie de ses droits d'auteur à la boulangerie du coin pour amadouer les troupes.
  • Question numéro trois: t'as des images de couvertures qu'on n'aurait pas vues à nous montrer?
Puisque tu me le demandes si gentiment...! tiens, voici un essai très ancien (que j'adore) pour Les petites reines, réalisé par Claudine:


Très anglais, et très gracieux, mais trop calme comparé à l'actuel, évidemment...

Voici aussi une image sympa d'une calibration de 'plat' pour le deuxième tome de Sesame Seade, Gargoyles Gone AWOL. C'est un jeu subtil pour l'illustratrice, Sarah Horne, qui doit créer une image continue mais qui s'adapte aux divers blocs de texte d'une couverture (clikpouragrandir):


Quand la couverture aura été révélée pour mon prochain petit album avec Maisie Shearring, Va jouer avec le petit garçon (dont je ne vous ai pas encore parlé), je reviendrai sur cette question, car c'est très intéressant les discussions qu'on a eues.
  • Question bonus: Quel est le meilleur billet de blog jamais écrit sur les couvertures de livres jeunesse? 
C'est celui-là, sur le blog d'Allez vous faire lire, de Julia Lupiot: 'Délit de faciès, ou la couverture ratée'. Extrêmement instructif, drôle et qui touche à plein de sujets différents. Comme vous n'avez pas encore assez procrastiné aujourd'hui, il faut y aller directement. Off you go! Enjoy!

mercredi 4 mai 2016

Flash!

Je viens de finir de préparer une présentation que je donne demain pour des collégiens qui vont écrire de la flash fiction - des nouvelles ultra courtes, entre quelques mots et 100, 500 ou 1000 mots (non, c'est de la triche, trop long). Il existe des flash fictions touchantes, marrantes ou flippantes, de juste quelques lignes... comme celle-ci, par Dave Donovan:

The situation at the elementary school is dangerous. Childhood has taken Adolescence hostage, and they may not give in this time. The police have already recovered one body:  a science teacher, his mouth stuffed with proven truths, duct taped shut. The hoodlums will give up their guns and cell phones for picture books and dress-up clothes. They want to talk to Santa and the Tooth Fairy. They want bedtime stories and lollipops. They are tired of knowing everything, being everything. “We want miracles,” they say. “We want to go back.” They say they want to believe in the smallest heaven.


(Traduction) La situation dans l'école primaire s'envenime. L'Enfance a pris l'Adolescence en otage, et menace de ne pas se rendre, cette fois. La police a récupéré un corps: celui d'un professeur de SVT, la bouche bourrée de vérités objectives, bâillonnée au ruban adhésif. Les voyous affirment qu'ils rendront leurs armes et leurs téléphones portables en échange d'albums illustrés et de déguisements. Ils veulent parler au Père Noël et à la Petite Souris. Ils exigent des histoires et des sucettes. Ils en ont assez de tout savoir et devoir tout être. "On veut des miracles," disent-ils. "On veut y retourner." Ils disent vouloir croire en un minuscule paradis. 

Pas mal, non? (Traduction non professionnelle aside). Il existe aussi des 'six-word memoirs', des autobiographies en six mots, exercice difficile et parfois émouvant dont les résultats me plaisent assez (cliquez pour le lien):

Regret. Should have been a writer.Steve_Anthony

It's likely I'll repeat these mistakes.SiltySweet

I am not so easily summarised.Kayl Cecchini


(Traduction: Regret. J'aurais dû être écrivain.
Je referai probablement ces erreurs.
On ne me résume pas si aisément.)

Allez, petit challenge du jour, juste parce que!

En commentaire, écrivez-moi:

  • soit une autobiographie en six mots
  • soit une flash-fiction en dix mots ou moins...
On gagne quoi? Rien, t'es vénal toi c'est fou. Allez vas-y! Bon, je commence, vu que c'est moi qui ai proposé:

Autobiographie en 6 mots: (t'as le droit a plusieurs essais t'as vu)
  • Tiens, une île, si j'y allais?
  • Jamais assez de crottin de Chavignol. 
  • Non, toujours pas de vraie littérature.
  • Cherche la réponse dans Harry Potter.
Et flash-fiction en dix mots ou moins...
  • T'ayant appelé, j'entends ta poche. Clefs et monnaie bavardent.
  • Mon ex pécho des meufs avec ma recette de brownie. 
  • Lorsque son pistil la démangeait, elle faisait appeler un colibri.
  • Trop couvé, l'enfant googla: 'comment se perdre dans la forêt'
  • Déguisé en bogue de châtaigne, l'oursin espionnait les hérissons.
A vous!