samedi 12 septembre 2015

Des pages qui se tournent

Oui ça fait très longtemps que je n'ai pas écrit sur ce blog! je reviens bientôt, promis, avec même une petite série de trucs que je suis en train de préparer. En attendant, quelques nouvelles en vrac.

La grosse nouvelle de début septembre, c'était la signature du contrat de vente des droits cinématographiques des Petites reines. J'ai été sidérée de voir depuis la sortie du livre que certaines maisons de production étaient intéressées. On s'est mis d'accord - Phi-Anh NGuyen, qui est l'agent ciné extraordinaire de Sarba, a mené les opérations - avec un couple producteur-réalisateur dont on avait adoré les premières productions. C'est donc Lionceau Films qui a acheté les droits, et Benjamin Guillard est en charge de l'adaptation. Benjamin et moi avons un imaginaire et un humour étrangement similaires, donc à mon avis ça va bien se passer...

Pour fêter ça, voici quelques vélos récoltés cet été:

la petite reine couverte de 100 000 canards...

un vélo tricoté

des tas de coureurs cyclistes

eh oui, j'étais à Amsterdam.
A la rentrée je suis allée à la fête de l'Huma dédicacer en compagnie, entre autres, de Benoît Minville et de Claudine Aubrun. J'y ai rencontré le charmant Tom, du blog La voix du livre, qui est venu nous voir spécialement là-bas.



Ensuite voici des nouvelles de La pouilleuse, lui aussi sorti en allemand chez Carlsen (qui ont aussi acheté les droits allemands des Petites reines)

la couv un poil angoissante

traduction d'Annette von der Weppen

et puis aussi des nouvelles du troisième tome de mes aventuriers britons, qui vont cette fois en Américanada pour le Royal Bake-Off (le royal concours de pâtisseries!)

sont beaux tous les trois ensemble, non?

et puis aussi, tant qu'on y est, la nouvelle rigolote que le deuxième tome, The Royal Wedding-Crashers, sera traduit en français sous le nom Les royales demoiselles d'horreur. L'occasion de tirer mon chapeau (melon) à Amélie Sarn, qui traduit magistralement cette petite série.

J'ai aussi reçu une Louve en coréen!



Et puis d'autres pages qui se tournent, et d'autres horizons qui s'ouvrent: j'entre dans ma dixième année en Anglicheland, et cette dixième année me verra changer de ville. Car j'ai obtenu un poste de lecturer, sur trois ans, à l'université de York, où je commencerai en janvier 2016.

je vais pas trop être dépaysée: passage d'une ville médiévale sublime à une autre ville médiévale sublime
moi, tranquilou sur les remparts de ma nouvelle ville
J'y enseignerai des tas de choses que j'aime, à l'intersection de la philosophie et sociologie de l'éducation, et des études littéraires. C'est une grande étape pour ma carrière universitaire et je suis extrêmement heureuse d'avoir obtenu ce poste.

A bientôt pour d'autres nouvelles et d'autres billets, donc!

dimanche 6 septembre 2015

Bref, je suis auteur jeunesse

Dans la vie, au début on naît, à la fin on meurt, entre les deux il y en a qui décident d'écrire des livres pour les enfants.

Ce matin je me réveille, j'ai une super idée d'histoire, y aurait un chaton qui s'appellerait Bouboule comme mon chaton à moi, je commence à écrire, ça se passe bien à part que Bouboule me griffe l'épaule pendant que j'écris.

Arrête Bouboule je travaille


Il y a un bon feeling, j'ai le bon rythme, je commence à me demander ce que je vais faire de mes millions quand je serai publié, faudra que je m'habitue à ma vie de riche.

Je serai à la fois extrêmement riche et extrêmement généreux.

Ca y est! j'ai fini l'histoire. Ca a mis longtemps quand même, au moins vingt minutes. Je mets le titre: Bouboule le chaton cool qui tourneboule. Je sais que c'est un titre qui va plaire aux enfants parce qu'ils aiment le son 'oule'.

"Mais pourquoi vous croyez qu'on aime le son 'oule' bordel!"

Hop je l'envoie aux trois éditeurs jeunesse de France, L'Ecole des Loisirs, le Père Castor et Gallimard. Ah il y a aussi la Bibliothèque Rose mais je trouve pas son adresse. Je suis sûr qu'ils vont adorer! C'est bien leur truc!


"Regarde encore ce manuscrit pourri qu'on a reçu!"

J'attends trois jours, je les appelle, ils disent d'attendre encore, c'est exagéré, et là deux mois après je reçois une lettre.

"...n'entre pas dans le cadre de nos collections."

Je vais sur des sites d'auteurs jeunesse pour me plaindre, et là, c'est trop bizarre: il y a des auteurs pas connus et pas riches! Ils me disent de lire des livres pour enfants pour apprendre à quoi ça ressemble, et aussi d'aller voir à quoi ressemble un enfant aussi si j'ai le temps.

"Amazing!"

En fait c'est plus difficile que ce que je croyais, je bosse un peu le sujet, je me relance, cette fois j'enlève les doudous, les lapinous et les bisous, je prends plus de temps à l'écrire, je le fais relire et j'expédie Bouboule: Chaton Cow-Boy à d'autres éditeurs, et là après une autre attente, la lettre arrive, on veut bien me publier!

Champion du monde!!!!

 J'appelle l'éditeur et je lui dis:

"Aboule l'avance de 100 000 euros"

Il me dit:

"Divise ça par 100 000 et enlève 1"
Je lui dis:

"Ca me laisse pas beaucoup pour devenir riche"

Il me dit:

"Tu seras riche de rendre les enfants si heureux"

Je me dis:

"Arnaque ou bien...?"

Il me dit:



Je dis deal. L'éditeur m'envoie un contrat, c'est hyper long, je comprends rien, mais ça a l'air légal, le texte est justifié à droite. Alors c'est parti:
"Signé!"
J'ai pas fait gaffe de voir si c'était écrit si j'avais du pognon si jamais le livre se vend en ebook ou en film ou en dessin animé ou en traduction. Sur le moment, je me dis:

"J'ai d'autres choses à faire"
Mais deux mois plus tard la Corée est intéressée, on me propose 50 euros, c'était dans le contrat, je suis là:

Merde
J'ai vraiment l'impression de l'avoir dans le
 
Pas le temps d'y penser, on m'appelle, je suis nominé pour un prix!

"Champion du monde!" (bis)

La dame est charmante mais il y a un mais: 
"Vous êtes seulement nominé si vous êtes disponible pour venir le jour de la date de remise des prix."
Chelou mais j'accepte, même si ça me fait devoir prendre un jour de congé, c'est la gloire quand même. Le jour du prix, je me réveille tôt, je  -

 
 
 
 J'y suis presque!


J'arrive, on me dit:
"Les enfants vous attendent avec impatience!"
Je le savais! Je me sens


On me présente aux enfants:

"Voici l'auteur, qui va mener l'atelier pâte à sel de cet après-midi!"
 C'était pas prévu, je suis un peu dérouté, tant pis, je veux pas décevoir, 


J'ai l'impression quand même que je déçois un peu,
 
 Mais c'est pas grave, les enfants sont super heureux, je suis comblé,
 

On n'a pas parlé de mes livres, pas eu le temps, tant pis! de toute façon c'est pas moi qui ai gagné le prix, c'est John Green, je sais pas qui c'est, il est pas venu le chercher, je repars,  

 
 
 

Le deuxième TER est en grève, moi et l'autre auteur qui s'est déplacé, on fait le reste à pied,

il est plus beau gosse que moi
Y a plus de vols Ryan Air à cette heure-là, on finit la soirée ensemble, je m'aperçois que l'école lui a payé son déplacement + une journée au tarif Charte, je suis là:
"Ah bon normalement on doit être payé pour faire des interventions scolaires?"
Il me console:
"Rejoins la Charte, ça ira mieux"     



Le lendemain matin, je prends mon avion, mon métro, mon Vélib, je retrouve mon lit, je vais sur Internet, je m'inscris à la Charte, je commence à essayer de comprendre les contrats, je lis les guides de la Charte, je m'aperçois que j'aurais pas dû toucher 1,5% sans à-valoir sur la vente de mon manuscrit,


Je suis tout beau tout neuf tout fort, prêt à l'attaque, le prochain manuscrit que j'envoie à mon éditeur, je saurai mieux quoi faire, et celui d'après encore mieux, et ainsi de suite,

"Pas de provisions sur retour."
Et maintenant j'ai plein d'amis auteurs avec qui je peux parler, des grands et des petits comme moi,
ils sont fatigués à la fin des salons,

Ca commence à aller mieux.

Bref. Je suis auteur jeunesse.