lundi 22 juin 2015

Ambassadeur/drice de la littérature jeunesse: Une idée à piquer aux Anglais?

Je suis la première à me plaindre de beaucoup de problèmes dans la vision qu’ont les Anglais de la littérature jeunesse actuellement et la production qui s’ensuit, mais il faut bien leur reconnaître une chose: pour eux, la littérature pour enfants compte énormément. Quel autre pays au monde aurait fait référence à tant de classiques du livre jeunesse lors de sa cérémonie d’ouverture des J.O.? Même si l’âge d’or du livre jeunesse anglais est, selon moi, bel et bien passé, la Grande-Bretagne conserve un respect particulier pour les auteurs, illustrateurs et livres pour enfants.

exemple d'auteure jeunesse britiche, pris totalement au hasard

Et l’une des belles inventions de ce pays-là, c’est le Children’s Laureate, un poste créé par l’auteur Michael Morpurgo et le poère Ted Hughes il y a déjà plus de quinze ans. Le Children’s Laureate, c’est un/e auteur/e ou illustrateur/trice jeunesse qui, pendant deux ans de ‘règne’, devient ambassadeur/drice de la littérature pour enfants dans le pays.

Pour être élu/e, il faut être célébrissime: voici la liste des Laureates jusqu’à nos jours:

1999–2001:  Quentin Blake

2001–2003: Anne Fine

2003–2005: Michael Morpurgo

2005–2007: Jacqueline Wilson

2007–2009: Michael Rosen

2009–2011: Anthony Browne

2011–2013: Julia Donaldson

2013–2015: Malorie Blackman

Le nouveau Children’s Laureate, l’illustrateur Chris Riddell, a été élu le 9 juin dernier. Le poste est payé £15 000 par an, grâce aux sponsors (publics et privés); ce n’est pas énorme et constitue plutôt une sorte d’indemnisation, car pendant ces deux années le Laureate ne va pas pouvoir beaucoup écrire ou illustrer: son rôle est de représenter ses collègues, et la littérature jeunesse en général, dans les médias et sur le terrain - en intervenant dans les écoles, en participant à des jurys de concours, et en lançant des ‘campagnes’.

Chris Riddell, l'actuel Laureate (Wikimedia Commons)

Attention, il n’est pas question de faire sa propre pub; de toute façon les Laureates sont bien trop connus pour avoir besoin de s’autopromouvoir. Le but est véritablement de soutenir le travail des créateurs/trices, des maisons d’éditions et des libraires et bibliothécaires, en se servant d’une figure de proue aussi connue que charismatique.

Chaque Laureate a, en général, une ‘campagne’ qui oriente son règne. Malorie Blackman, la précédente Laureate, promouvait par exemple en particulier la littérature pour ados. Julia Donaldson, avant elle, avait fait campagne pour les bibliothèques, Anthony Browne pour le dessin.

L’élection de chaque Children’s Laureate est un événement médiatique d’une importance considérable. La nouvelle est dans tous les médias. Le ou la nouvel/le ambassadeur/drice est amplement interviewé/e, et son emploi du temps de ministre pour les 2 prochaines années commence directement à se remplir.

Imaginez ça chez nous (enfin, chez vous, parce que moi, j’habite en Angleterre…):

Claire Chazal, JT de 20h: Timothée de Fombelle, bonsoir!
T de F: Bonsoir!
CC: Vous venez d’être élu Ambassadeur de la Littérature Jeunesse en France. Qu’est-ce que ça fait de prendre la succession de Susie Morgenstern, Pef, Marie-Aude Murail et Rébecca Dautremer, entre autres?
T de F: Je suis très ému qu’on m’ait confié une telle responsabilité, et je veux d’ailleurs rendre hommage au travail de mes prédécesseurs, grâce à qui nous avons désormais acquis un Ministère de la Littérature Jeunesse, une statue géante de Marlaguette place Vendôme, et des subventions considérables aux auteurs et illustrateurs jeunesse ainsi qu’aux éditeurs.
CC: Quelle sera votre campagne en tant qu’Ambassadeur?
T de F: Je militerai pour la création d’un arbre-monde plein de bouquins dans toutes les villes de France, dans lequel aller se réfugier pour bouquiner quand on en a ras le bol d’entendre parler de l’Etat Islamique et du FMI. 
CC: Comment allez-vous gérer tous vos nouveaux dossiers?
T de F: Il est déjà prévu que j’embauche Nathan Lévêque et Audrey Tribot pour m’aider.
CC: Très bien. Nous sommes rejoints dans ce studio par le petit Jean-François Copé, de la ville de Meaux, qui voudrait que vous lui lisiez Tous à poil en faisant des voix différentes.
T de F: Avec grand plaisir.
Ce serait quand même plutôt très cool. Je vous laisse méditer ces bonnes paroles, et on se retrouve de l’autre côté de la crise financière/ existentielle/ climatique pour en discuter plus sérieusement avec les autorités compétentes. (Faut garder espoir dans la vie.)

Bises bruineuses d’un Cambridge tropical!

5 commentaires:

  1. Tu as un don pour optimiser les possibles ! L'idée est non seulement séduisante et belle mais surtout tellement évidente... non ? ;)

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  2. Ouais, Marlaguette power ^^ J'adore ton interview ! En tout cas, j'adorerais que ça arrive en France !!!

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  3. Vous nous faites rêver avec cette petite interview ! :D

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  4. Effectivement, ce serait fantastique ! Et ça permettrait que la littérature jeunesse soit mieux vue en France.

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