dimanche 8 juillet 2012

Les charmes discrets de la recherche google

Quand tu fais tes 'recherches' dans le but d'écrire un livre de fiction - surtout un livre d'aventures un peu barré destiné à des enfants de neuf ans -  tu te retrouves avec un historique de recherches Google joyeusement incongru. D'après le mien, voilà ce que j'ai demandé à notre oracle des temps modernes ces dernières semaines (et oui, je considère que M. Google est une vraie personne quand il s'agit de poser des questions):
  • prendre des empreintes digitales sur du verre
  • quand commence la saison des frelons
  • quel est le nom du truc blanc qui tombe des arbres
  • différences entre cidre et poiré
  • est-ce qu'il faut souvent réparer les gargouilles
  • chevaux qui tombent de la roche de Solutré
  • rythme de sommeil des loirs
  • médicament pour calmer les enfants
  • poids d'une fille de neuf ans normale
  • à quelle heure sont les vêpres
Et enfin une question que j'aurais mieux fait de poser à Bing:
  • est-ce que google a le droit de nous espionner

J'aime bien l'idée que Google compile une image complètement décousue et bizarroïde de ma petite personne au gré de ces recherches inexplicables, mais malheureusement je pense qu'il est plus intelligent que ça et qu'il a capté que je suis une écriveuse.

Une fois de temps en temps, quoi qu'il en soit, tu tapes un truc qui te semble tout à fait anodin et atterris dans un monde souterrain du web aux ramifications insoupçonnées. 

Ce fut le cas récemment, par exemple, lorsque j'entrepris innocemment de faire des recherches sur les gens qui escaladent les bâtiments, surtout à Cambridge et Oxford. Ces gens-là, chers amis, ne sont pas seulement les superhéros modernes et discrets de nos petites villes universitaires; ils ont aussi une communauté underground en ligne et hors ligne, avec ses codes, ses manuels, et son discours spécifique. 

Je me suis retrouvée à acheter cet incroyable petit bouquin, The Night Climbers of Cambridge ('Les escaladeurs nocturnes de Cambridge'). Il a sa propre page sur Wikipédia, et ce n'est que justice. Ecrit dans les années 30 par feu Noel Symington, alias Whipplesnaith, c'est tout simplement un manuel d'escalade des bâtiments cambridgiens. 

Vous y apprendrez comment escalader une gouttière (avec illustrations photographiques) - n'essayez même pas les gouttières carrées, elles sont impossibles à grimper. Vous y apprendrez comment atteindre la cime de la chapelle de King's College (encore une fois avec des photos extraordinaires). Si vous glissez, il vous reste trois secondes à vivre, alors profitez-en. Vous apprendrez comment sauter entre le toit de Gonville & Caius College et la Senate House. C'est très simple, en vérité, mais quelques béjaunes prennent peur alors qu'ils pourraient très bien couvrir une telle distance s'il n'y avait pas quinze mètres de vide en-dessous d'eux!

Ce délicieux petit livre est rédigé à la P.G. Wodehouse et vous transporte presque un siècle en arrière, du temps où tous les Porters de Cambridge portaient des chapeaux melon, où les filles étaient confinées à quelques colleges seulement, et où il était nécessaire d'apprendre l'art de l'escalade quand on ratait l'heure du couvre-feu dans les colleges.

Je ne sais pas quelle sera l'influence de ce livre sur le deuxième Sesame Seade, que je suis en train d'écrire, mais voici quelques exquis passages traduits par mes soins, en tentant de rendre le ton so British qui fait tout leur charme:

'D'autre part, observez ces gouttières dans la Nouvelle Cour de St John's, de l'autre côté de la rivière. Nous n'avons connaissance de personne qui aurait escaladé l'une des gouttières sur le mur nord de la cour en question. Ce sont les gouttières les plus hostiles de Cambridge.'

'Côté nord un contrefort ouvre une alcôve dans laquelle le corps d'un homme se niche plaisamment. La cheminée est trop large pour être confortable, et il se peut qu'il soit impossible pour un homme très petit d'atteindre le mur d'en face, laissant ses pieds pendre piteusement dans l'air comme la luette d'un éléphant.'

'Nous pourrions écrire bien davantage au sujet de Pembroke si nous avions plus de détails. Sa pierre est bonne, les escalades y sont légion, et nous recommandons chaudement à tous les escaladeurs nocturnes d'y rendre quelques visites. Son hospitalité est généreuse et sincère, et il engendre ces Anglais forts et silencieux qui mâchonnent leur pipe dans la jungle de Malaisie mais échouent à leurs examens.'

'Et c'est ainsi qu'après une bonne nuit de travail, nous rentrons chez nous au college ou dans nos résidences, en nous disant qu'après tout, peut-être que nous n'assisterons pas au cours de neuf heures demain matin.'

Cette dernière, naturellement, aurait pu être écrite hier.

2 commentaires:

  1. Ah la la... Dis-moi que ta série va être traduite en français, parce que je suis allllléchée comme pas permis !!!

    RépondreSupprimer
  2. héhé c'est pas prévu pour le moment, mais je te tiens au courant...

    RépondreSupprimer